10 avril 2018
Directeur de recherche au Laboratoire Leprince Ringuet et professeur chargé de cours à l’École polytechnique, Mathieu de Naurois a travaillé dès le début de sa carrière sur l’expérience HESS qui étudie les phénomènes les plus violents de l’univers. HESS, pour High Energy Stereoscopic System, est un réseau de télescopes Tcherenkov qui détecte les traces du passage de rayons gamma dans l’atmosphère terrestre. Ces rayons extrêmement énergétiques (du GeV au TeV) sont émis par des objets très actifs tels que l’onde de choc d’une supernova, les nébuleuses à vent de pulsar, ou encore des systèmes binaires contenant une étoile à neutron ou un trou noir. Les rayons gamma traversent l’espace et peuvent être captés à proximité de la Terre.
« Heureusement pour nous, ils se désintègrent dans la haute atmosphère qui nous en protège » explique Mathieu de Naurois. « Nous n’observons pas directement ces rayons mais plutôt la cascade de particules issue de leur désintégration à 10 000km d’altitude ». Le réseau de télescopes, situé dans le désert de Namibie, détecte une lumière bleue qui est émise par effet Tcherenkov lorsque ces particules traversent l’atmosphère à une vitesse proche de celle de la lumière dans le vide.
Mathieu de Naurois faisait partie de la poignée de chercheurs qui ont démarré l’expérience HESS en 2002. Aujourd’hui, il est directeur de cette expérience internationale qui rassemble plus de 200 chercheurs de 14 pays. « C’est un travail de groupe, rappelle le chercheur, et cette médaille du CNRS permet de donner de la visibilité à l’astronomie des rayons gamma très énergétiques ». Cette récompense est une reconnaissance de son parcours et de son engagement dans l’expérience, mais aussi de ce domaine émergeant qui a ouvert une nouvelle fenêtre sur l’espace, révolutionnant notre compréhension de phénomènes astronomiques jusque-là méconnus.